IndependentWHO – Santé et Nucléaire

«L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ne remplit pas sa mission de protection des populations victimes des contaminations radioactives.»

15 - juin - 2012

Un article de Pïerre Fetet à propos d’Alexei Yablokov et de l’exposé que ce dernier a présenté dans le cadre du forum sur la radioprotection à Genève. Cet article a été publié sur l’excellent blog que Pierre Fetet consacre entièrement à la catastrophe nucléaire de Fukushima et à ses répercussions au Japon et dans le monde.

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J’ai rencontré des héros. Pas des héros de cinéma, pas des héros de bande dessinée. Des vrais, en chair et en os. Des femmes et des hommes qui se battent, chacun dans leur pays, pour faire connaître la vérité. Au risque du dénigrement, du mépris, voire de la prison, au risque de leur santé, de leur vie, ils se donnent sans relâche, certains depuis 26 ans, d’autres depuis 1 an. Mais ils ont la même volonté d’alerter leurs semblables avant qu’il ne soit trop tard. Faire la lumière sur les risques sanitaires de l’énergie atomique : tel est leur objectif. Ils ne sont pas nombreux, mais en se réunissant à Genève les 12 et 13 mai 2012, ils ont renforcé leur détermination à dénoncer l’horreur. Dans l’indifférence générale du bruit de la vie du monde, ils étaient là, ensemble, debout, vivants. Ils ont délivré un message, nous avons été plus de 200 à en être les témoins. Ecoutez-les.

 

Alexei Yablokov Docteur ès Sciences biologiques Conseiller de l’Académie des Sciences de Russie

De 1986 à 1989, il était interdit de publier sur Tchernobyl en Union Soviétique. Après Hiroshima, les Etats-Unis avaient fait la même chose en interdisant toute publication avant 1950. L’atome, historiquement, a toujours été le monde du secret.

A cause de cette interdiction, personne aujourd’hui ne peut déterminer les conséquences de la contamination par l’iode 131 de Tchernobyl. C’est pourquoi on se base sur les césiums qui ont une période radioactive plus longue. C’est le seul moyen disponible et objectif dont on dispose : la mesure des taux de césium dans l’organisme.

25 ans après le début de la catastrophe sanitaire de Tchernobyl, plus de dix-mille travaux scientifiques ont déjà été publiés dans différents pays, la plupart en Russie, en Ukraine et au Bélarus. Mais ces sources sont rarement utilisées par la communauté scientifique internationale.

Pourtant, l’ensemble de ces publications permet aujourd’hui de dresser un tableau général objectif des altérations de la santé des groupes de population qui ont reçu l’irradiation supplémentaire de Tchernobyl.

D’abord, il est clair que tous les systèmes de l’organisme sont détériorés par l’irradiation, ce qui a été mis en évidence par une augmentation de l’incidence et de la prévalence de la morbidité pour :

– le système circulatoire

– le système immunitaire

– le système génito-urinaire

– le système squelettique

– le système nerveux central

– l’appareil visuel

Il a été aussi démontré d’autres effets de la pollution radioactive :

– un pic de nouveau-nés atteints par la trisomie 21 a été constaté en 1986, et le niveau est resté ensuite plus élevé qu’avant la catastrophe

– dans le monde entier, le nombre des cancers a augmenté après 1986

– le nombre des malformations congénitales a augmenté, par exemple dans le district de Luginy en Ukraine

– le vieillissement des individus est prématuré dans les territoires contaminés

– la fréquence des mutations dans les tissus somatiques et générateurs a augmenté

– il y a eu un changement dans le sex-ratio secondaire : jusqu’à un million de décès d’embryons et de fœtus de sexe masculin.

Augmentation des cancers entre 1982 et 1999 en Russie et dans les régions de Kaluga et Bryansk

Au cours des 15 années qui ont suivi la catastrophe de Tchernobyl, il y a eu, dans les territoires contaminés (taux de césium 137 supérieur ou égal à 40 kBq/m²) au Belarus, en Ukraine et en Russie, une augmentation de la mortalité totale de 4%, soit 273 000 décès supplémentaires. Ce nombre est évidemment à comparer avec l’estimation mensongère de 9000 morts supplémentaires de l’OMS-AIEA jusqu’en 2056 !

En réalité, le taux de mortalité périnatale progresse dans de nombreux pays (1) et, sans compter la mortalité in utero, Alexei Yablokov estime, sur la base des informations officielles, que la catastrophe de Tchernobyl a provoqué la mort de près d’un million de personnes entre 1987 et 2004.

On ne peut pas aborder la catastrophe de Fukushima et ses conséquences en ignorant les travaux d’Alexei Yablokov. C’est pourtant ce qu’est en train de faire le gouvernement japonais.

Pierre Fetet

20 mai 2012

http://fukushima.over-blog.fr/

 

Alexei Yablokov est un des co-auteurs du livre « Chernobyl : Consequences of the Catastrophe for People and the Environment »

 

Ce livre en anglais a été réimprimé par IndependentWHO. Il est possible de se le procurer pour 20 € (frais d’envoi compris).

“Acheter le livre « 

 

 

 

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