IndependentWHO – Santé et Nucléaire

«L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ne remplit pas sa mission de protection des populations victimes des contaminations radioactives.»

La vigie est aussi assurée par des personnalités du monde scientifique, médical et politique.

 

Monsieur Jean Ziegler, membre suisse du Comité consultatif du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU (de profil en costume), nous a rejoint le 26 avril 2011 au carrefour des Morillons, là où se tient chaque jour ouvrable la vigie d’Hippocrate.

 

Mme Danielle Mitterrand,le 28 mars 2008

M Rémy Pagani, le 6 juillet 2009 (maire de Genève, du 1 juin 2009 au 31 mai 2010)

M Valéry Zaïtsev, les 3 et 4 décembre 2009

 

 

Mme Rosa Goncharova, généticienne bélarusse

Nous avons besoin d’un très grand soutien de l’étranger parce que les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl pour la santé sont étouffées. C’est pour cela que j’exprime mes remerciements à nos supporters étrangers pour ce soutien. Je suis absolument sûre que sans ce soutien international, il n’y aurait presque que du silence sur les conséquences de Tchernobyl pour la santé. Donc merci beaucoup à vous. Je suis impressionnée par ces personnes qui protestent depuis si longtemps, depuis une année; C’est très difficile parce que chaque individu est occupé, chaque individu a besoin de beaucoup de temps, d’argent. Venir à Genève, rester là, loger à l’hôtel. C’est une protestation très impressionnante. Donc je vous remercie beaucoup en tant que citoyen biélorusse et en tant que scientifique biélorusse.

 

M Alexei Yablokov, écologue russe

Au moment d’évaluer les conséquences de Tchernobyl, nous nous sommes heurtés à la falsification gouvernementale et internationale des données. L’Organisation Mondiale de la Santé ne nous dit pas la vérité, parce qu’elle est liée à l’AIEA par le scandaleux accord de 1959. C’est une situation extraordinaire, qui nécessite des mesures extraordinaires pour y mettre fin. Je suis enthousiasmé par ce que vous faites. Votre vigie permanente est une action très inhabituelle, très forte. Elle est tout à fait fantastique, il faut absolument la continuer. Nous devons obliger l’Organisation Mondiale de la Santé à dire la vérité, c’est-à-dire à rompre cet accord. Il y a un deuxième sens à votre action, dont vous n’êtes peut-être même pas conscients. C’est l’importance de votre vigie pour les pays victimes, pour la Biélorussie, pour la Russie, pour l’Ukraine. Pour nous qui combattons pour la vérité dans ces pays, c’est très important, – cela nous donne une force énorme, une force nouvelle : le fait de savoir que vous êtes là, que chaque jour, ne serait-ce qu’une seule personne est présente ici. Cela nous dit que nous ne sommes pas seuls avec ce malheur. Que le monde nous entend, qu’il nous voit, qu’une nouvelle humanité se lève.

 

M Vassili Nesterenko, physicien bélarusse

Je veux vous dire ceci : tant que les amis nous soutiennent, nous continuons à espérer que les victimes survivront. Je suis l’un des 800.000 liquidateurs blessés par Tchernobyl. Ce sont réellement des hommes oubliés dans nos pays. Des dizaines de milliers ont déjà quitté ce monde, ils ne pourront plus parler. Au nom des autres, je vous souhaite à toutes les vigies, du courage et une longue vie, afin que vous puissiez rester ici jusqu’à la victoire. Je vous souhaite à tous la bonne santé que nous avions, nous les liquidateurs, avant d’arriver sur le réacteur. Nous étions tous jeunes et plein de force. Merci.

 

 

 

Michel Fernex, Wladimir Tcherkoff et Chris Busby – le 27 juin 2007

Michel Fernex : Professeur émérite, Faculté de Médecine de l’Université de Bâle, Ancien membre des Comités Directeurs pour la Malaria et les Filarioses,(TDR) Tropical Diseases Research (OMS), Genève.

Wladimir Tcherkoff : journaliste, auteur du livre Le crime de Tchernobyl et des films “Le Sacrifice” et “Controverses Nucléaires”

Chris Busby : Docteur en chimie physique à l’Université du Kent, professeur invité à l’Université de l’Ulster et chercheur invité au Centre fédéral de recherche pour les plantes cultivées, Julius Kühn Institute, Braunschweig (Allemagne), oú il étudie les effets de l’uranium sur la santé. Secrétaire scientifique du European Committee on Radiation Risk et conseiller scientifique de Low Level Radiation Campaign, Ex-membre du comité du Ministère britannique de la santé, le CERRIE (Committee Examining the Radiation Risks of Internal Emitters) et du Conseil de surveillance de l’uranium appauvri du Ministère britannique de la défense.

 

 

M Ravi Narayan – le 26 Avril 2007

Le Docteur Ravi Narayan est médecin spécialisé en Santé Publique de l’Université de Londres et Professeur de Médecine Communautaire à Bangalore en Inde, où il a fondé le Community Health Resources Centre. Entre 2000 et 2005, il était le premier Coordinateur du Secrétariat Global du Mouvement des Peuples Pour la Santé (People’s Health Movement PHM). Mondialement connu dans le domaine de la santé, notamment pour promouvoir le retour aux principes de Alma Ata, “La Santé pour Tous”, – une approche de justice sociale dans le domaine de la santé, – il voyage à travers le monde en divulguant ce message. PHM est devenu un interlocuteur incontournable de l’OMS, en large partie grâce à ses efforts. Le matin du 26 avril, il allait à l’OMS pour y diriger un séminaire. Il nous a vu devant l’entrée principale du bâtiment. Au retour, vers trois heures, nous n’étions plus là. Il souhaitait nous connaître et nous remercier. C’est sur le trottoir, 300 mètres plus loin, qu’il a retrouvé Paul et Maurice de la CRIIRAD. Aidés par une passante qui connaissait l’anglais et le français, ils se sont expliqués et ont échangé leurs coordonnées. Le lendemain nous avons participé à une réunion d’organisation des ONG, qu’il coordonnait, et l’avons interviewé.

 

Une leçon à l’OMS

Alison Katz : Pouvez-vous nous dire ce que vous avez vu le matin du 26 avril à l’extérieur de l’OMS ?

Ravi Narayan : Au moment où j’entrais à l’OMS pour me rendre à ce séminaire, j’ai vu un petit groupe de deux ou trois personnes qui se tenaient au-dehors, très tranquilles, avec des pancartes. J’ai compris qu’ils se préoccupaient de Tchernobyl et souhaitaient faire part de certains problèmes. Puis, je suis allé au séminaire sur les soins primaires de santé, que je dirigeais. À la fin de la séance, un membre de l’équipe de l’OMS m’a posé une question en présence de leur senior Député Directeur Général : “comment l’OMS peut-elle raviver les soins primaires de santé quand elle est à ce point sélective, désagrégée, compartimentée etc. ?”. Dans ma réponse j’ai dit que je souhaitais citer en exemple ce que je venais de voir à l’extérieur car, en tant qu’activiste du Mouvement des Peuples pour la Santé, j’utilise toutes les opportunités pour soulever ces questions. J’ai dit que non seulement il devrait y avoir plus d’échanges entre les départements de l’OMS, afin qu’ils considèrent la santé d’un point de vue plus holistique, mais aussi qu’il fallait saisir toutes les opportunités permettant aux agents de l’OMS de comprendre les problèmes des populations. J’ai dit que j’avais vu des personnes au moment où j’arrivais, et c’était intéressant parce que quelqu’un dans l’assistance m’a tout de suite demandé “Êtes-vous avec ces personnes ?” J’ai dit : “Oui, je suis avec eux parce qu’ils font partie du mouvement de la santé populaire; c’est un groupe de personnes qui exposent un problème et je suggère que l’OMS adopte une attitude d’ouverture avec des personnes comme celles-ci, qu’elle les invite à discuter avec courtoisie, qu’elle s’efforce de comprendre leurs exigences et qu’elle entame des pourparlers. Vous pouvez être d’accord, ou pas avec ce qu’ils disent. Mais si vous ne dialoguez pas avec la population, vous ne pouvez pas parler des soins primaires de santé, vous ne pouvez pas parler de la santé des populations.” Tout cela était très intéressant, parce qu’ensuite le Docteur MAHLER a sorti la constitution de l’OMS et a dit que, si tous les membres du personnel de l’OMS lisaient les deux premiers paragraphes, ils devraient s’impliquer dans tout ce qui relève du bien-être physique, mental et social; ils devraient traiter la santé des populations comme un droit. Lui aussi a senti que c’était très important que nous ayons dit ça. Quand je suis sorti du séminaire, ces personnes n’étaient plus là et je me suis senti mal à l’aise, parce que je semblais me pousser en avant comme l’orateur principal… Je ne pouvais pas m’expliquer. Mais quand j’ai tourné l’angle, je les ai trouvés et je suis allé vers eux. Je me suis présenté. Je parle difficilement le français. Alors, j’ai fait signe à une jeune étudiante qui passait à vélo. Elle a dit qu’elle parlait l’anglais et le français et elle leur a communiqué ce que je leur disais : “Merci pour votre présence ici, parce que vous nous avez rappelé l’existence d’un problème de plus pour les populations”. J’ai fait ma petite part, pas aussi grande que j’aurais aimé. Ils m’ont donné leur lettre adressée à Margaret Chan. Je suis très heureux qu’ils soient venus à notre rencontre d’aujourd’hui. Si nous pouvons de quelque manière faire prendre en compte ces problèmes par l’OMS à travers les ONG, je pense que nous devons le faire, en relation avec le Mouvement Populaire de la Santé.

 

Alison Katz : Puis-je vous demander si le Mouvement Populaire de la Santé soutient l’action du groupe Tchernobyl pour l’amendement de l’Accord ?

Ravi Narayan : Bien sûr! Je trouve cette action si raisonnable que je pense que nous aurions même dû l’entreprendre des années auparavant. Mais le PHM ne peut pas suivre tous les dossiers, et je pense que c’est très, très important que l’OMS en tant qu’organisation de la santé des populations – puisse refuser qu’une autre organisation lui retire sa responsabilité de statuer sur ce qu’il en est de la santé des populations. Et si aujourd’hui la preuve est faite de quoi que ce soit contre la santé des enfants ou autre, l’OMS devrait être la première à le dire.

 

Alison Katz : Savez-vous qu’il y a eu une grande démonstration de la Police à l’OMS, et qu’on ne voulait pas que ces personnes restent à cet endroit ? Qu’elles ont dû partir à 13 heures, et qu’en fait, ce petit groupe est toujours en négociation pour pouvoir rester sur les lieux : un groupe de pacifistes, une ou deux personnes, de simples individus ? Considérez-vous cela comme compatible avec les devoirs de l’OMS envers la population ?

Ravi Narayan: Eh bien ! Je suis surpris parce que ne le savais pas. J’ai eu cette information concernant l’action de la Police, mais j’espérais qu’avec ce que j’avais dit, ça se calmerait. Je ne peux même pas comprendre, car je viens d’un pays comme l’Inde où on n’envoie jamais la Police quand la population se livre à des actions pacifiques. Nous faisons sans cesse des actions pacifiques, et les actions pacifiques ne sont pas toujours en accord avec ce que dit notre gouvernement. Je trouve parfois dur de venir à Genève et d’y trouver des gens très “politically correct” et très disciplinés. Je ne peux pas comprendre cette démocratie, comment peuvent-ils se considérer comme une démocratie. Je pense que la chose vaut aussi pour l’OMS; il faut qu’ils commencent à faire la différence entre les gens qui demandent le dialogue et les fauteurs de trouble. Lorsque nous soulevons un problème même avec passion ou avec colère je ne pense pas que nous puissions être considérés comme fauteurs de trouble. Parce que nous sommes des gens qui demandent à exposer nos préoccupations.

 

Alison Katz : Savez-vous que c’est la première fois que la Police a été appelée à bloquer l’entrée de l’OMS à un petit groupe de personnes demandant simplement à dialoguer ?

Ravi Narayan : Eh bien ! Je ne savais pas ça ! Mais si c’est vrai, je suis complètement surpris horrifié, en fait que l’OMS puisse en arriver là. (Accès au site du Docteur Ravi Narayan)

 

Les reproches et les considérations du Dr. Narayan sur la démocratie ne valent en réalité que pour l’Organisation Mondiale de la Santé. Les autorités de la Ville et du Canton de Genève nous ont autorisé à jouir du droit de manifester publiquement notre dissentiment vis-à-vis de la politique de l’OMS.
Le 26 avril 2007, jour du 21e anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, la direction de l’OMS, en se retranchant dans son bunker de droit de bail, a commis l’incroyable maladresse de révéler sa totale soumission aux suprêmes intérêts atomiques mondiaux. Les ambassades américaine, britannique, russe, chinoise et française sont bien présentes et actives à Genève. C’est à l’encontre de cette puissante coalition atomique mondiale que le droit à la vie et à la santé pour tous devra être opposé, avant qu’il ne soit trop tard. Pour tous.



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