À la tête de l’ONG « Planète de l’Espoir », Nadejda Koutepova milite depuis quinze ans pour faire reconnaître les victimes de contamination radioactive dans l’Oural, autour de l’usine de Maïak où avait éclaté, en 1957, la première catastrophe nucléaire au monde.
En juillet, elle a été contrainte de dissoudre l’ONG et de quitter le territoire russe. Ce vendredi 2 octobre 2015, alors que François Hollande reçoit Vladimir Poutine à Paris, elle demande l’asile en France.
L’histoire de Nadejda Koutepova en dit long sur le passé soviétique et sur la Russie d’aujourd’hui. Militant sans relâche depuis quinze ans pour faire reconnaître un désastre nucléaire qui a commencé dès 1949 dans l’Oural, elle s’est trouvée dans la tourmente depuis que le Kremlin a commencé, en 2012, à vouloir s’attaquer aux ONG, et en particulier aux organisations de défense de l’environnement. Menacée de poursuites judiciaires, elle a fini par quitter son pays en juillet.
Avec son départ, c’est l’une des régions les plus contaminées du monde qui perd sa meilleure avocate. La région d’Ozersk (au sud d’Ekaterinbourg, dans l’Oural) a en effet été largement irradiée, et ce pratiquement en continu, depuis l’après-guerre, en raison des activités de l’installation nucléaire de Maïak. Si ce nom est moins connu que celui de Tchernobyl ou de
Fukushima, il est pourtant associé à un désastre d’une gravité comparable, surtout si l’on considère qu’il dure depuis près de soixante-dix ans et que rien n’est fait, aujourd’hui, pour réparer les dégâts.
Ceci est extrait d’un article publié le 2 octobre 2015 par Amélie Poinssot et Michel de Pracontal dans Médiapart.