Monsieur de Pressac, à l’heure où ce procès reprend, trois ans après le crash du vol Casablanca-Paris sur la Centrale du Blayais, nous venons de prendre connaissance d’un rapport de la Croix Rouge Internationale. Ce rapport nous apprend que le cap des 300 000 décès, consécutifs à l’accident du Blayais, vient d’être franchi. Ce qu’il serait intéressant de savoir, monsieur De Pressac, c’est pourquoi des institutions aussi sérieuses que l’AIEA ou à fortiori l’OMS, continuent de parler de 613 victimes. Pouvez-vous nous éclairer sur cette distorsion des chiffres ?
AVOCAT : Mon client désire déclarer que les seuls chiffres à prendre en ligne de compte sont ceux qui sont fournis par les autorités compétentes. Les autres ne sont que des projections délirantes émanant de mouvements malveillants, ennemis de la science et du progrès.
PRESIDENT : Bien. Ce qui est frappant, c’est qu’on retrouve cette distorsion des chiffres lors de l’analyse des conséquences de la catastrophe de Fukushima en 2011, et bien plus encore, de Tchernobyl, en 1986.
AVOCAT : Même réponse.
PRESIDENT : Tout de même ! Entre les 4000 victimes de Tchernobyl annoncées par le rapport de l’OMS et le million de victimes dénoncées par certaines analyses, il doit tout de même y avoir moyen de dégager LA vérité, non ?
(….)
Ceci est une partie des échanges de l’acte 5 de “l’impossible procés”qui s’est ouvert le samedi 3 novembre 2018 pour juger, au nom du Peuple français, l’Industrie électronucléaire française, représentée ici par Monsieur le Très Haut Commissaire à l’Energie Nucléaire Civile, Monsieur De Pressac François, Directeur Président du Très Haut Commissariat à l’Energie Nucléaire Civile, pour risque causé à autrui, non assistance à personne en danger, et homicide involontaire.
En effet, un Boeing 747 de la compagnie Royal Air Maroc immatriculé EI-CSY, en provenance de Casablanca, vol AT 764, arrivée prévue à Paris Orly à 4h15, s’est écrasé sur la centrale nucléaire du Blayais, située sur la commune de Braud et Saint-Louis, dans le département de la Gironde. Il y avait à son bord 2 pilotes- personnels navigants techniques – , 4 hôtesses-stewart – personnels navigants commerciaux-,140 passagers dont 2 bébés. Il n’y a eu aucun survivant.
~
Sur scène un tribunal. Le Président (Patrick Gay-Bellile) mène les débats. Il y a la procureure (Véronique Pilia), l’avocat (Jean-Louis Debard) et le prévenu (Bruno Boussagol). Une narratrice (Noémie Ladouce) intervient une dizaine de fois pour commenter le procès et apporter des informations complémentaires nécessaires à la bonne compréhension de l’histoire.
Suivent 1h35 d’échanges argumentés (une dizaine de spécialistes se sont investis pour apporter des éléments scientifiques, romanesques et juridiques permettant d’étayer le texte final établi par Jean-Louis Debard).
Après un entr’acte de 30mn, la séance reprend mais avec des victimes du nucléaire, des témoins, des « experts » vivants dans la ville où se joue L’IMPOSSIBLE PROCÈS. C’est l’occasion de présenter « à la barre » des problématiques locales et/ou de véritables procès en instructions.
Les contributions recueillies seront publiées ultérieurement.
Ce procès est une tentative de mettre le théâtre au cœur du débat citoyen.
Contact : cokoller@bluewin.ch
Téléphone : 06 08 23 60 20
~
Après une tournée en avril et mai en France et en Suisse, « L’impossible procès » sera joué aux lieux et dates suivantes :
Paroles enragées de l’été : Clermont Ferrand le 14 juin à 20h
Festival Le Manifeste : Grande Synthe le 13 juillet (à coté de Dunkerque) à 17h
Festival d’Avignon : au Grand théâtre de Montfavet du 15 au 21 juillet à 16h30
Festival de Bure : sous chapiteau le 31 août
