Voilà 8 ans, aujourd’hui même, nous nous plantions à quelques uns devant l’entrée principale de l’Organisation Mondiale de la Santé pour dénoncer la collusion de la médecine institutionnelle internationale avec l’industrie nucléaire civile et militaire et pour témoigner de la souffrance des victimes de la pollution radioactive engendrée par cette industrie. Depuis le 26 avril 2007, nous avons été 440 à nous relayer pour assurer la vigie, tous les jours ouvrables, de 8H à 18 H et continuer ainsi cette dénonciation et maintenir le témoignage.
Cela fait 29 ans aujourd’hui, le réacteur de Tchernobyl explosait expédiant dans le monde entier son poison radioactif et cela fait 29 années accomplies que dure la catastrophe sanitaire. Selon les informations données par Galina Bandajevskaïa qui est cardiologue, la santé des enfants au Belarus ne cesse de s’aggraver. Et il n’y a pas que les pathologies cardiaques, il y a toutes les autres dont le diabète, la cataracte, les cancers de la thyroïde etc. et ce dans d’autres contrées contaminées.
http://independentwho.org/fr/2013/03/13/actes-du-forum/
Pas de changement apparent dans le comportement de l’OMS : les pays fortement nucléarisés dont la France veillent à sa politique en matière de radioprotection : dissimuler, mentir et ne pas porter assistance aux populations. C’est pourquoi, depuis plus de 2 ans, nous rappelons, par notre présence devant le Ministère de la santé à Paris, la responsabilité que porte notre ministre, Marysol Touraine, dans cet état de fait. Il faut avoir de la persévérance dans le combat lié au nucléaire car les victoires sont rares. En particulier en France.
Rappelons l’historique de notre action de dénonciation du comportement de l’OMS en matière de radioprotection. Les pionniers de la prise de conscience et de la dénonciation du comportement de l’OMS furent Michel et Solange Fernex, Bella Belbéoch et Wladimir Tchertkoff qui fondèrent avec V. Nesterenko l’association Enfants de Tchernobyl Belarus en 2001. Avec le double objectif de dire la vérité et d’aider les victimes de la contamination radioactive.
C’est en 1990 dans le contexte de Tchernobyl, et dans la période précédant le référendum suisse sur la sortie ou non du nucléaire, que Wladimir Tchertkoff, alors journaliste à la télévision suisse italienne, est envoyé sur les territoires contaminés pour effectuer un reportage. Il y rencontre Vassili Nesterenko, directeur de l’Institut Belrad avec qui une collaboration amicale va se poursuivre jusqu’à la fin de sa vie (2008). W. Tchertkoff produit plusieurs documentaires dont « Controverses nucléaires » où est filmée, en juin 2001, ce qui est peut-être la première action publique devant le siège à Genève pour dénoncer la politique de l’OMS. L’association Contratom était fortement impliquée dans cette action, mais également la CRIIRAD. Michel Fernex était en première ligne dans ce documentaire.
http://www.dailymotion.com/video/xr56pr_controverses-nucleaires_news
Dans les années qui ont suivi, Wladimir Tchertkoff s’est attelé à la rédaction de son livre » Le crime de Tchernobyl », paru en 2006. C’est à sa lecture que j’ai découvert ce qui m’a révolté et me révolte toujours : le comportement des « blouses apparemment blanches », nichées dans les sphères de décisions nationales et internationales qui mentent, dissimulent pour s’assurer de brillantes carrières et rouler carrosses dorés, et laissent ainsi souffrir des millions de personnes dont beaucoup d’enfants, particulièrement sensibles à la contamination radioactive. (Pour rappel, le Comité Européen sur les Risques de l’Irradiation estime à 123 millions le nombre de personnes dans le monde atteintes d’un cancer radio-induit par l’industrie civile et militaire pour la période 1942- 2000. Les 2077 bombes atomiques (dont 530 en atmosphère) tirées dans le cadre des essais nucléaires sont responsables de la grosse partie de la pollution radioactive).
Depuis 2006, Wladimir Tchertkoff a traduit son livre » Le crime de Tchernobyl » en russe : il est disponible depuis 2013 sur le Net. Il a été traduit en langue japonaise, format papier. Nul doute que les victimes de Fukushima et d’ailleurs, vont reconnaître en Tchernobyl le laboratoire où le lobby nucléaire a expérimenté sa manière de gérer un accident nucléaire : en particulier comment manipuler l’opinion publique en s’attachant notamment les sales services de « blouses apparemment blanches ». Dernière version, « Le crime de Tchernobyl » va, dans les semaines à venir, être disponible en langue anglaise.
Wladimir dit qu’il a entrepris cet énorme travail d’information, dans la colère et par fidélité à Vassili Nesterenko et à ses innombrables protégés, dans l’espoir que quelque grande fortune inutilisée de la société civile dans le monde prenne conscience et s’emploie finalement à financer l’Institut Belrad et la radioprotection des enfants, à laquelle les états cyniques, sourds et aveugles, font obstacle.
On doit se réjouir également de la traduction du livre de A.V. Yablokov, V.B. Nesterenko, A.V. Nesterenko et N.E. Preobrajenskaya, Tchernobyl Conséquences de la catastrophe sur la population et l’environnement, désormais disponible en français : un volume qui constitue une mine d’informations à opposer au discours mensonger des bilans officiels de l’OMS-AIEA-. On peut le télécharger ou le commander en version imprimée à l’adresse :
http://independentwho.org/fr/2015/04/17/livre-tchernobyl-consequences/
Par ce petit bout d’histoire, je veux montrer là que nous sommes, avec notre action, un maillon dans quelque chose de plus large et qui continue de s’élargir. Je prends pour exemple l’excellent travail entrepris par l’association de vétérans des essais nucléaires (AVEN) présente à notre dernière AG avec qui des médecins travaillent maintenant, de véritables blouses blanches, celles-là. Ils constituent des dossiers sur les personnes victimes de contamination radioactive et… sur leur descendance.
http://www.obsiven.org/
C’est véritablement aujourd’hui une montagne de dossiers qui se trouve constituée par tous les chercheurs indépendants du monde entier sur les conséquences de la pollution radioactive. Aussi me reste-t-il encore assez d’optimisme pour penser qu’un jour cette montagne finisse par faire craquer les barrages institutionnels qui obstruent la recherche et la diffusion de la vérité.
En attendant nous vous invitons à participer à notre action,
IndependentWHO – Santé et Nucléaire
Paul Roullaud , responsable de la gestion de la vigie d’Hippocrate devant le siège de l’OMS à Genève. Tél : 02 40 87 60 47