IndependentWHO – Santé et Nucléaire

«L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ne remplit pas sa mission de protection des populations victimes des contaminations radioactives.»

8 - janvier - 2013

Makiko Fujimoto

A l’occasion des vacances de fin d’année, un troisième séjour a été organisé dans la ville de Takashima, une ville proche de Kyoto, pour des enfants vivant dans des zones fortement contaminées par la catastrophe de Fukushima.

 

C’est une mère de famille, Makiko Fujimoto, qui est à l’initiative de ces séjours, simplement parce que pour elle, il est naturel de faire le maximum pour que les enfants, d’où qu’ils soient, puissent être heureux, sans souffrances.

 

 

Pas habituée à organiser ce genre d’événement, cela n’a pas été simple pour elle au début mais elle a eu l’agréable surprise de voir les bonnes volontés répondre présentes de diverses manières (dons d’argent, dons d’aliments, gîte loué à prix coutant, bénévoles pour cuisiner…).

Des bénévoles très efficaces en cuisine

Ainsi, après un premier séjour au printemps 2012, puis un second durant l’été, c’est une quarantaine d’enfants, accompagnés d’une dizaine de parents, qui ont pu bénéficier pendant 9 jours de ce troisième séjour et quitter pour un petit moment les endroits fortement contaminés où ils vivent.

Pendant quelques jours, ils vont donc pouvoir bénéficier d’une nourriture non contaminée, biologique, variée et très bien présentée.

 

Une nourriture variée et non contaminée

Jeux variés et activités diverses sont aussi au programme et l’ambiance qui règne et les rires montrent que tout cela est fort apprécié.

Atelier « Mochi », préparation traditionnel à base de riz gluant

Si les enfants présents sont majoritairement de la région de Fukushima, d’autres viennent de la région voisine d’Ibaraki et d’autres encore de Chiba (près de Tokyo), région plus éloignée mais néanmoins contaminée.

Bien sûr, ces familles sont particulièrement sensibilisées. Elles ont fait suivre des examens médicaux à leurs enfants : nodule à la thyroïde, césium 134 et césium 137 dans les urines… Les parents ont évidemment en commun une forte inquiétude. Aussi, ce qui est énormément apprécié de tous, dans ce cadre privilégié, c’est de pouvoir enfin parler de ce qui les préoccupent, surtout pour les parents qui vivent près de Fukushima car là-bas il est très difficile, voir impossible, d’évoquer la catastrophe et les problèmes que posent la radioactivité.

En effet, il y a déni, réaction classique dans les cas de grandes catastrophes, mais aussi le fait que les personnes qui abordent ce sujet sont considérées comme des gens qui nuisent au futur de Fukushima alors on se tait. De plus, quand on sait la discrimination dont ont été victimes les hibakushas (survivants de la bombe atomique), et que déjà, pour les habitants de la région de Fukushima cette même discrimination a commencé, cela n’incite pas à s’exprimer. Alors, oui le soulagement est réel quand enfin on peut parler librement sans crainte d’être mal vu ou rejeté.

Ce qui est difficile pour les parents, c’est le fait de ne pas avoir de réponses claires sur les risques. Le flou et la minimisation des risques sont savamment orchestrés par le lobby nucléaire et le gouvernement, bien aidé en cela par les médias « classiques ». Alors, tous sont avec la même question : quitter ou non cette région contaminée. Et à l’incertitude concernant les risques sanitaires vient s’ajouter le contexte professionnel, familial de chacun, son attachement à un endroit… La décision n’est pas forcément simple à prendre. Que faire, qui croire ?

Le plaisir de pouvoir jouer dehors sans s’inquiéter de la radioactivité

Rencontrer ces parents a été très intéressant et j’ai éprouvé une réelle joie à me retrouver au milieu de ces enfants plein de vie, mais en même temps, il m’a été difficile de ne pas penser que dans quelques années, pour certains d’entre eux, ils auront à souffrir de cette terrible radioactivité. Il y a 3 semaines de cela, les membres de l’AIEA et du lobby nucléaire, à la conférence de Koriyama, affichaient, eux, leurs certitudes : « l’accident de Fukushima n’a tué personne et nous n’avons pas noté de problèmes de santé dues à une contamination radioactive parmi les travailleurs ou la population. » dixit M.Weiss de l’Unscear. Et Maria Neira, représentante de l’OMS, n’en finissait plus d’énumérer la longue liste des soi-disant activités de l’OMS concernant cette catastrophe. Alors, lorsque je retournerai à nouveau devant l’OMS pour faire la vigie, plus que jamais, j’aurai envie, je crois, de porter ce panneau qui dit « Dissimulation et non-assistance = crime ».

Christophe Elain – Kyoto – 08 janvier 2012

Présentation d’IndependentWHO aux adultes de ce séjour

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